Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/334

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— Non, dis-je, sans aide, je ne le puis. Voilà une heure que mes jambes ne me portent plus. J’ai un point douloureux comme un fer rouge dans le côté. Je ne respire qu’à peine. Si je meurs, me pardonnerez-vous, Alan ? Au fond du cœur, je vous aimais bien, même quand j’étais le plus en colère.

— Chut ! chut ! fit Alan, ne parlez pas ainsi, David, mon ami, vous savez.......

Un sanglot lui coupa la parole.

— Je vais vous soutenir de mon bras, reprit-il, c’est le vrai moyen. Maintenant laissez-vous aller sur moi. Dieu sait où nous trouverons une maison. Nous sommes dans Balquidder. Aussi les maisons ne doivent pas manquer, ni même les maisons amies. Pouvez-vous marcher plus facilement comme cela, David ?

— Oui, dis-je, je puis avancer de cette façon.

Et je lui pressai le bras de ma main.

Il faillit encore éclater en sanglots.

— David, dit-il, je ne suis pas un honnête homme. Je n’ai ni bon sens, ni bonté. Je ne pouvais me faire à l’idée que vous êtes encore un enfant. Je ne pouvais pas m’apercevoir que vous mouriez debout. David, il faudra tâcher de me pardonner.

— Ah ! mon ami, n’en parlons plus, dis-je. Aucun de nous n’a de leçons à donner à l’autre, voilà la vérité. Nous devons être patients et tolérants, mon cher Alan. Mais que ce point de côté me fait souffrir ! Est-ce qu’il n’y a pas de maison !

— Je vous en trouverai une, David, dit-il d’un ton ferme ; nous allons descendre le cours du ruisseau ; c’est dans cette direction que nous devons en rencontrer. Mon pauvre ami, ne seriez-vous pas mieux sur mon dos ?