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Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/338

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monde à Balquidder et dans les pays avoisinants, avant mon départ ; car on recevait de fréquentes visites, et les visiteurs, selon la coutume campagnarde, colportaient les nouvelles chez leurs voisins.

En outre, les affiches avaient été imprimées.

Il y en avait une d’épinglée au pied de mon lit, et je pouvais y lire mon portrait peu flatté, et en plus gros caractères, la somme promise pour ma tête.

Duncan Dhu et d’autres qui savaient que j’étais venu là en compagnie d’Alan, ne pouvaient avoir de doutes sur mon identité, et nombre d’autres avaient dû la soupçonner.

Car j’avais bien pu changer de vêtements, mais je n’avais pu changer mon âge ni mon extérieur.

Des jeunes garçons de dix-huit ans, originaires des Basses-Terres, n’étaient pas si communs dans cette partie du monde, et surtout dans un temps comme celui-là, pour qu’on n’eût pas l’idée de rapprocher tous ces détails et de voir que l’affiche me concernait.

Mais du moins, on s’en tenait là.

Il y a des gens qui gardent un secret avec deux ou trois amis, et néanmoins le secret transpire, mais parmi ces hommes des clans, le secret est connu de tout un pays, et il y reste tout un siècle.

Il ne survint qu’un incident qui mérite d’être rapporté : c’est la visite que me fit Robin Oig, un des fils du fameux Rob Roy.

On le cherchait de tous côtés à raison du rapt d’une jeune femme, qu’il avait enlevée à Balfron, et épousée par force (à ce qu’on disait), et cependant il descendait à Balquidder comme un gentleman se rend dans sa propriété close.

Ce fut lui qui tua d’un coup de feu John Maclaren entre les bras de sa charrue.