Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/345

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demander le silence, et commença à jouer lentement un pibroch.

C’était, en soi, une belle composition musicale, et noblement exécutée, mais il paraît, qu’en outre, elle appartenait en propre aux Appin Stewart, et était fort goûtée d’Alan.

Dès les premières notes, il se produisit un changement dans sa physionomie.

Lorsque la mesure s’accélérait, il s’agitait sur sa chaise, et longtemps avant que cette pièce fût terminée, les dernières traces de sa colère étaient évanouies, et il n’avait plus de pensées que pour la musique.

— Robin Oig, dit-il, quand ce fut fini, vous êtes un grand artiste. Je ne suis pas digne de jouer dans le même royaume que vous. Par mon corps, vous avez plus de musique dans votre poche que je n’en ai dans la tête. Et quoique j’aie dans l’idée que je pourrais vous en remontrer dans le maniement du fer, je vous en avertis d’avance, cela ne serait pas loyal. Pour rien au monde, je ne voudrais faire une égratignure à un artiste comme vous.

Cela mit fin à toute querelle.

Pendant toute la nuit, on fit couler le nectar et la cornemuse passa de main en main.

Il faisait déjà grand jour, et les trois hommes ne se trouvaient pas très bien de tout ce qu’ils avaient bu, quand Robin finit par se décider au départ.

Ce fut la dernière fois que je le vis.

J’étais dans les Basses-Terres, à l’Université de Leyde, quand il passa en jugement et qu’il fut pendu dans Grass Market.

Et si j’ai raconté avec tant de détails cette anecdote, c’est en partie parce que ce fut là le dernier des incidents