Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/367

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— Au large, vers le sud de l’île de Mull. L’île sur laquelle j’ai été jeté se nomme l’île Earraid.

— Ah ! fit-il, en souriant, vous êtes plus fort que moi en géographie. Mais jusqu’à présent, je puis vous le dire, tout cela concorde parfaitement avec d’autres informations que je possède… Vous dites donc que vous avez été enlevé ? Qu’entendez-vous par là ?

— J’entends enlevé dans le sens propre de ce mot, monsieur, dis-je. Je me rendais chez vous, quand j’ai été attiré perfidement à bord du brick, cruellement frappé, jeté à fond de cale, et je n’ai rien pu savoir jusqu’au moment où nous avons été en pleine mer. J’étais destiné aux plantations, et la bonté de Dieu m’a fait échapper à un tel sort.

— Le brick s’est perdu le 27 juin, dit-il, en regardant son dossier, et nous sommes le 24 août. Il y a là une lacune considérable, monsieur Balfour, près de deux mois. Cela a déjà causé bien des ennuis à vos amis, et j’avoue que je ne serai pas très content, tant qu’elle ne sera pas expliquée entièrement.

— Vraiment, monsieur, dis-je, l’emploi de ces mois sera aisé à indiquer, mais avant de raconter mon histoire, je serais heureux de savoir que je parle à un ami.

— C’est tourner dans un cercle vicieux, dit le légiste. Je ne puis être convaincu avant de vous avoir entendu. Je ne puis être votre ami tant que je ne serai pas exactement mis au fait. Un peu de confiance conviendrait mieux à votre âge. Et vous savez, monsieur Balfour, il y a dans notre pays un proverbe selon lequel ceux qui font le mal sont toujours ceux qui le craignent.

— Vous n’oublierez pas, monsieur, que j’ai déjà eu à souffrir de ma confiance, que j’ai été embarqué comme esclave par cet homme même, qui, à ce que je crois, vous charge de ses affaires.