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Page:Stevenson - Enlevé (trad. Varlet), 1932.djvu/4

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Quant à vous, mon cher Charles, je ne vous demande même pas d’aimer ce conte. Mais quand il sera plus âgé, peut-être votre fils l’aimera-t-il. Il sera peut-être heureux de trouver le nom de son père sur la page de garde ; et en attendant, il me plaît de le faire figurer là, en souvenir de bien des jours qui furent heureux et de quelques autres (qui sont peut-être aujourd’hui aussi agréables à se remémorer) qui furent tristes. S’il est étrange pour moi de regarder en arrière, à la fois dans le temps et l’espace pour me reporter à ces aventures lointaines de notre jeunesse, cela doit être plus étrange pour vous qui suivez les mêmes rues – qui pouvez demain ouvrir la porte du vieux Spéculatif, où nous avons commencé à aller de pair avec Scott et Robert Emmet et le cher et obscur Macbean – ou qui pouvez tourner au coin de l’enclos où cette grande société, les L. J. R., tient ses réunions et boit sa bière assise sur les sièges de Burns et de ses compagnons. Je crois vous voir, vous déplaçant en plein jour, apercevant avec vos yeux naturels les endroits qui sont devenus pour votre compagnon une partie du décor de ses rêves. Comme dans les intervalles des affaires d’aujourd’hui, le passé doit éveiller des échos dans votre mémoire ! Que ces échos ne s’éveillent pas trop souvent sans qu’il s’y mêle d’amicales pensées de votre ami.

R. L. S.