Page:Stevenson - Herminston, le juge pendeur.djvu/8

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fondeur admirables : à peine se montrent-ils qu’ils vivent déjà devant nous. Et leur forte vérité ressort d’autant plus frappante que l’ensemble du récit garde, malgré cela, les allures légères et fantaisistes d’un conte, courant de-ci de-là, avec de longues stations, et mille détours imprévus. Ainsi, par une coïncidence singulière, ces chapitres ébauchés sont vraiment pour nous ce que Stevenson avait espéré que serait son livre : une façon de testament littéraire. Et peut-être même le sont-ils mieux encore que n’aurait été son livre, s’il eût pu l’achever : car nous y trouvons l’écrivain qu’il était et celui qu’il avait rêvé d’être. L’amuseur y conserve sa place à côté de l’artiste.

L’amuseur, cependant, est suffisamment connu : et d’ailleurs aucune analyse ne saurait suppléer, pour le faire connaître, à la lecture de cette prose si souple, si variée, d’un entrain et d’une élégance si irrésistibles, qu’il n’y a pas en Angleterre lettrés ni ignorants qu’elle n’ait conquis.