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L’ÎLE AU TRÉSOR

— Eh bien, capitaine Smollett, quelle nouvelle ? Tout va bien, j’espère ; tout est en bon ordre de navigation ?

— Eh bien, monsieur, répondit le capitaine, mieux vaut, je crois, parler franc, même au risque de vous déplaire. Je n’aime pas cette croisière, je n’aime pas l’équipage et je n’aime pas mon second. Voilà qui est clair et net.

— Et peut-être, monsieur, n’aimez-vous pas le navire ? interrogea le chevalier, très irrité à ce que je pus voir.

— Quant à lui, monsieur, je ne puis rien en dire avant de l’avoir vu à l’œuvre. Il m’a l’air d’un fin bâtiment ; c’est tout ce que j’en sais.

— Peut-être encore, monsieur, n’aimez-vous pas non plus votre armateur ?

Mais le docteur Livesey intervint :

— Un instant ! un instant ! Des questions de ce genre ne sont bonnes qu’à provoquer des malentendus. Le capitaine en a dit trop, ou trop peu, et je dois dire que j’exige une explication de ses paroles. Vous n’aimez pas, dites-vous, cette croisière. Pourquoi ?

— Je me suis engagé, monsieur, suivant le système dit des instructions scellées, à mener le navire où m’ordonnera ce monsieur. C’est parfait. Tout va bien jusque-là. Mais je constate que chacun des simples matelots en sait plus que moi. Trouvez-vous cela bien, voyons, dites ?

— Non, fit le docteur Livesey, ce n’est pas bien, je l’admets.

— Ensuite j’apprends que nous allons à la recherche d’un trésor… c’est mon équipage qui me l’apprend, remarquez. Or, les trésors, c’est de la besogne délicate ; je n’aime pas du tout les voyages au trésor ; et je les aime encore moins quand ils sont secrets et