Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/107

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manque de nourriture, ils avançaient lourdement et traînaient les jambes sur le sable.

Bientôt, en arrivant sur le haut d’un monticule, ils aperçurent à quelques centaines de mètres devant eux le lépreux, qui traversait leur ligne dans un creux. Sa cloche était silencieuse, son bâton ne frappait plus le sol et il allait devant lui du pas vif et assuré d’un homme qui voit. Un moment après il avait disparu dans un petit fourré.

À sa vue les jeunes gens s’étaient jetés derrière une touffe de genêts, ils restaient là, frappés d’horreur.

— Certainement il nous poursuit, dit Dick… C’est sûr. Il tenait le battant de sa cloche, avez-vous vu ? pour qu’il ne sonne pas. À présent, que les saints nous protègent ! et nous conduisent, car je n’ai pas de force pour combattre la lèpre.

— Que fait-il ? s’écria Matcham, que veut-il ? A-t-on jamais vu un lépreux qui, par pure méchanceté, poursuit des malheureux ? N’a-t-il pas sa cloche justement pour que les gens puissent l’éviter ? Dick, il y a autre chose là-dessous.

— Non, cela m’est égal, grogna Dick, je n’ai plus de force, mes jambes fléchissent. Que les saints m’assistent.

— Allez-vous rester là à ne rien faire ? cria Matcham.

— Retournons dans la clairière. Ce sera plus sûr ; il ne pourra nous approcher par surprise.