Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/118

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maintenant, résultat de quelques heures de bataille, auxquelles beaucoup d’entre eux n’avaient pas assisté, ils étaient tous devenus de punissables traîtres envers l’État, hors du bouclier de la loi, troupe diminuée dans une pauvre forteresse à peine tenable, exposés de tous côtés au juste ressentiment de leurs victimes. Et les menaces n’avaient pas manqué pour les informer de ce qui les attendait.

À différents moments du soir et de la nuit, pas moins de sept chevaux sans cavalier étaient venus hennir de terreur à la porte. Deux étaient de la troupe de Selden, cinq appartenaient à des hommes qui étaient allés à la bataille avec Sir Daniel. En dernier lieu, un peu avant le jour, un lancier était venu en chancelant sur le côté du fossé, percé de trois flèches ; comme on le transportait, il rendit l’âme ; mais d’après les paroles qu’il prononça dans son agonie, il devait être le dernier survivant d’une troupe nombreuse.

Hatch lui-même montrait sous sa peau tannée la pâleur de l’anxiété, et, quand il eut pris Dick à part, et appris le sort de Selden, il tomba sur un banc de pierre et bel et bien pleura. Les autres, d’où ils étaient assis sur des escabeaux ou des pas de portes dans l’angle ensoleillé de la cour, le regardaient avec étonnement et inquiétude, mais pas un n’osa s’informer au sujet de son émotion.

— Eh bien, maître Shelton, dit Hatch enfin… non, mais qu’ai-je dit ? Nous partirons tous. Selden