Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/13

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mais qui me tirera un beau coup ? Pour ça, il faut l’œil et une bonne tête sur les épaules. Et puis, qu’est-ce que vous appelez tirer loin, Bennet Hatch ?

— Eh bien, dit Bennet en regardant autour de lui, ce serait assez loin d’ici jusqu’à la forêt.

— Oui, ce serait assez loin, dit le vieux, regardant par-dessus son épaule, et il mit la main au-dessus de ses yeux pour mieux voir.

— Eh bien, qu’est-ce que vous regardez, demanda Bennet en ricanant ; voyez-vous Henri V ?

Le vétéran continua à regarder la colline en silence. Le soleil brillait, éclatant, sur les prairies en pente. Quelques moutons blancs broutaient. Tout était muet, sauf le tintement lointain de la cloche.

— Qu’y a-t-il, Appleyard ? demanda Dick.

— Voyez les oiseaux, dit Appleyard.

Et, en effet, au-dessus de la forêt, à un endroit où elle faisait une pointe dans les champs, et se terminait par deux beaux ormes verts, à peu près à une portée de flèche du champ où ils se trouvaient, une bande d’oiseaux voletait de sommet en sommet, comme effarée.

— Quoi, les oiseaux, dit Bennet ?

— Hé, répondît Appleyard, vous êtes un sage d’aller à la guerre, maître Bennet. Les oiseaux sont de bonnes sentinelles ; dans les forêts, ils sont la première ligne de bataille. Voyez, à présent,