Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/170

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— Je serais fou d’y penser, répliqua Ellis. Il est trop puissant ; ses hommes se réunissent autour de lui ; ceux qui m’ont échappé la nuit dernière, et, par la messe ! arrivèrent si à propos pour vous… ceux-là l’ont sauvé. Non, Dick, au contraire, toi, moi et mes braves archers, il faut disparaître de la forêt bien vite et laisser libre Sir Daniel.

— J’ai de mauvais pressentiments pour Jack, dit le jeune homme.

— Pour Jack ? répéta Duckworth. Ah ! oui, pour la jeune fille ! Non, Dick, je vous promets, s’il est question de mariage, nous agirons tout de suite ; jusque-là ou jusqu’à ce que le moment soit venu, nous allons tous disparaître comme des ombres au matin ; Sir Daniel regardera à l’est et à l’ouest et ne verra aucun ennemi ; il pensera, par la messe ! qu’il a rêvé un instant et vient de se réveiller dans son lit. Mais nos quatre yeux le suivront de près, et nos quatre mains,… l’armée des saints nous vienne en aide ! abattront ce traître !

Deux jours plus tard, la garnison de Sir Daniel s’était tellement accrue qu’il aventura une sortie et, à la tête d’une quarantaine de cavaliers, il poussa sans opposition jusqu’au hameau de Tunstall. Pas une flèche ne vola, pas un homme ne bougea dans le fourré ; le pont était ouvert à tout venant ; et, lorsque Sir Daniel le traversa, il vit les villageois à leurs portes, qui regardaient timidement.