Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/250

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quement dans une chambre éclairée comme tant d’autres par une souche flambant sur l’âtre.

— À présent, dit la jeune fille, en le forçant à s’asseoir sur un escabeau, mettez-vous là et obéissez à mon bon plaisir souverain. J’ai pouvoir de vie ou de mort sur vous, et je ne me ferai pas scrupule d’abuser de mon pouvoir. Attention à vous ; vous m’avez cruellement meurtri le bras. Il ne savait pas que j’étais une femme, dit-il ! S’il l’avait su, il aurait pris sa ceinture pour me battre, ma foi !

Et à ces mots elle sortit vivement de la chambre, laissant Dick bouche bée d’étonnement, et pas très sûr s’il rêvait ou était éveillé.

— Levé ma ceinture sur elle ! répéta-t-il. Levé ma ceinture sur elle ! Et le souvenir de cette nuit dans la forêt revint à son esprit, et il revit le corps frémissant et les yeux suppliants de Matcham.

Mais il fut bientôt rappelé au souvenir des dangers présents. Dans la chambre voisine, il entendit un bruit comme de quelqu’un qui marche ; puis suivit un soupir qui semblait étrangement proche, puis le froufrou d’une jupe et un bruit de pas se fit entendre de nouveau. Comme il s’était levé pour écouter, il vit la tenture s’agiter le long du mur ; il y eut le son d’une porte qu’on ouvrait, les portières se séparèrent, et, une lampe à la main, Joanna Sedley entra dans la pièce.