Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/304

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porte sombre à un tournant, il s’y jeta violemment, et laissa passer la cohue bizarre de ses poursuivants, qui criaient toujours et gesticulaient, tous rouges de hâte et blancs de leurs chutes dans la neige.

Cela dura longtemps, avant que cette grande invasion de la ville par le port fût terminée ; et longtemps encore, avant que le silence fût restauré. Longtemps on entendit des matelots perdus qui battaient la ville en criant dans toutes les directions et dans tous les quartiers. Il y eut des querelles quelquefois entre eux, quelquefois avec des patrouilles, les couteaux furent tirés, des coups donnés et reçus, et plus d’un cadavre resta sur la neige.

Quand, une grande heure plus tard, le dernier matelot retourna en grommelant vers le port et sa taverne favorite, on peut se demander s’il avait jamais su quelle espèce d’homme il avait poursuivi, mais ce qui était absolument sûr, c’est qu’il l’avait oublié. Le matin suivant, bien des histoires étranges circulèrent, et, un peu plus tard, après, la légende d’une visite nocturne du diable devint un article de foi pour tous les garçons de Shoreby.

Mais le retour du dernier matelot ne permit pas encore au jeune Shelton de quitter sa froide prison dans l’embrasure de la porte.

Pendant quelque temps, il y eut une grande activité de patrouilles, et des troupes furent spé-