Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/355

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homme ne se bat pas d’un côté, il faut bien qu’il se batte de l’autre. Il ne peut pas rester seul ; la nature ne le veut pas.

— Ceux qui n’ont pas de jugement ne devraient pas tirer l’épée, répliqua la jeune femme. Vous qui vous battez au hasard, qu’êtes-vous, sinon un boucher ? La guerre n’est noble que par la cause défendue, et vous l’avez déshonorée.

— Madame, dit le pauvre Dick, je vois en partie mon erreur. Je me suis trop pressé ; je me suis lancé trop tôt dans l’action. Déjà j’ai volé un bateau — croyant, je le jure, bien faire — et par là j’ai causé la mort de bien des innocents, et le malheur et la ruine d’un pauvre vieux, dont la figure aujourd’hui même m’a frappé comme un coup de poignard. Et ce matin je n’avais pas d’autre but que de me faire valoir et de gagner un renom pour me marier, et voyez ! j’ai causé la mort de votre cher parent qui avait été bon pour moi. Et quoi encore, je ne sais. Car, hélas ! peut-être j’ai mis York sur le trône, et, peut-être c’est le pire parti, et peut-être j’ai fait du mal à l’Angleterre. Ô Madame, je vois ma faute, je ne suis pas fait pour la vie. Pour ma pénitence et pour éviter des maux plus grands, lorsque j’aurai fini cette aventure je me retirerai dans un cloître. Je renoncerai à Joanna et au métier des armes. Je serai moine et prierai pour l’âme de votre bon oncle toute ma vie.