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CHAPITRE III

LE BAC DU MARAIS


La Till formait à cet endroit une nappe d’eau argileuse, suintement du marais, et coulait parmi une vingtaine d’îlots marécageux couverts de saules.

C’était une vilaine rivière ; mais, par cette matinée brillante et animée, tout était beau. Le vent et les martinets plissaient sa surface d’innombrables rides ; et le ciel s’y réfléchissait en taches d’un bleu riant.

Une crique s’avançait à la rencontre du sentier, et tout près de la rive était la hutte du passeur. Elle était faite de limon et d’osier, et l’herbe poussait verte sur le toit.

Dick alla à la porte et l’ouvrit. À l’intérieur, sur un vieux sale manteau rougeâtre, le passeur était étendu et grelottait ; c’était une grande carcasse d’homme, mais maigre et rongé par la fièvre du pays.

— Hé, maître Shelton, dit-il, venez-vous pour le bac ? Mauvais temps, mauvais temps ! Faites attention. Il y a une compagnie aux alentours.