Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/84

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Vous m’avez fait mal, quand vous m’avez jeté par terre. Vous êtes un lâche d’abuser ainsi de votre force.

— Peuh ! c’est un propos de sot, dit rudement Dick. Vous n’aviez aucun droit sur mon grappin ; maître John. J’aurais bien fait de vous donner une raclée. Si vous venez avec moi, il faut m’obéir ; sur ce, marchons.

Matcham pensa vaguement à rester en arrière ; mais voyant que Dick continuait à courir à toute vitesse vers l’éminence et ne regardait même pas derrière lui, il eut une meilleure inspiration et se mit à courir à son tour. Mais le terrain était difficile et escarpé, Dick avait déjà une bonne avance, et avait, sans aucun doute, les meilleures jambes, et il était depuis longtemps arrivé au sommet, et avait rampé à travers les sapins et s’était blotti dans une touffe de genêts, lorsque Matcham, haletant comme un daim, le rejoignit et se tint silencieusement à côté de lui.

En bas, au fond d’une large vallée, le raccourci venant du hameau de Tunstall serpentait, descendant vers le gué. Il était bien marqué et l’œil le suivait aisément de place en place. Tantôt il était bordé de clairières ouvertes, tantôt la forêt le recouvrait ; chaque cent mètres, il côtoyait un piège. Au loin, sur le sentier, le soleil faisait briller sept salades d’acier, et, de temps en temps, dans l’intervalle des arbres, on pouvait apercevoir Selden