Page:Stevenson - Le Cas étrange du docteur Jekyll.djvu/35

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sans s’inquiéter de ses cris. Ou encore il pouvait voir son ami couché dans la chambre d’une riche maison, dormant et souriant à ses rêves, quand tout à coup la porte de cette chambre s’ouvrait, les rideaux du lit étaient entr’ouverts, le dormeur était tiré de son sommeil, et — horreur ! à ses côtés se tenait un homme ayant le pouvoir de commander ; à son ordre il voyait son ami obligé, à cette heure de la nuit, quand tout est pour ainsi dire mort, de se lever et d’obéir. La vision de cet homme sous ces deux formes obséda l’avocat toute la nuit, et même s’il sommeillait, il voyait cette ombre se glissant le long des maisons endormies, où il la voyait passer et repasser d’une marche de plus en plus rapide, jusqu’à lui donner le vertige, à travers les labyrinthes de la ville illuminée, et à chaque coin de rue écraser une enfant et la laisser gisant sur le sol et