Page:Stevenson - Le Cas étrange du docteur Jekyll.djvu/37

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dans l’âme du peu impressionnable Enfield un sentiment de haine durable.

À partir de ce moment, M. Utterson devint un habitué de la rue où se trouvait la porte mystérieuse. Le matin, avant l’heure de l’ouverture de son cabinet, à midi, quand il avait beaucoup d’affaires et peu de temps à lui, et le soir, à la clarté brumeuse de la lune, par beau ou mauvais temps, aux heures de foule ou de solitude, on trouvait l’avocat fidèle au poste qu’il s’était choisi. « S’il fait celui qui se cache, je ferai celui qui cherche, » pensait-il. Sa patience fut enfin récompensée. Ce fut par une belle soirée : le temps était froid et sec, il y avait de la gelée dans l’air, le pavé de la rue était aussi propre que le parquet d’une salle de danse. La lumière des réverbères, n’étant pas agitée par le vent, projetait à intervalles égaux l’ombre et la lumière. Vers dix heures, quand