Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/130

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en plâtre (sans eau, du reste), quelques fleurs incolores dans des pots, et deux ou trois statues d’après l’antique, représentant des satyres et des nymphes d’une exécution plus médiocre que tout ce que mon lecteur pourra imaginer. D’un côté, ce jardin était ombragé par deux petits ateliers, sous-loués par Pitman aux plus obscurs et maladroits représentants de notre art national. De l’autre côté s’élevait un bâtiment un peu moins lugubre, avec une porte de derrière donnant sur une ruelle ; c’était là que M. Pitman se livrait, chaque soir, aux joies de la création artistique. Toute la journée, il enseignait l’art à des jeunes filles, dans un pensionnat de Kensington ; mais ses soirées du moins lui appartenaient, et il les prolongeait fort avant dans la nuit. Tantôt il peignait un Paysage avec cascade, à l’huile ; tantôt il sculptait, gratuitement et de son plein gré (mais « en marbre », comme il aimait à le faire remarquer), le buste de quelque personnage public ; tantôt encore il modelait en plâtre une nymphe (« pouvant servir de lampadaire pour le gaz dans un escalier, monsieur ! ») ou bien un Samuel enfant, grandeur trois quarts de nature, qu’on aurait pu lui acheter pour le salon d’un bureau de nourrices.

M. Pitman avait étudié autrefois à Paris, et