Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/163

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— Mais c’est que vous ne m’avez dit que nos noms ? reprit Pitman. Je ne vois toujours pas quelle histoire nous aurons à raconter ?

— Hé ! puisque je vous dis que j’en avais une et que je l’ai oubliée ! reprit Michel. Nous en serons quitte pour en inventer une autre !

— Mais c’est que je ne sais pas inventer ! protesta Pitman. Jamais je n’ai pu rien inventer, de toute ma vie !

— Eh bien ! vous aurez à commencer aujourd’hui, mon petit ! répondit simplement Michel. Après quoi il sonna, pour demander l’addition.

Le pauvre Pitman n’était guère plus rassuré qu’avant le repas.

« Je sais qu’il est très intelligent, songeait-il, mais, en conscience, puis-je me fier à un homme dans l’état où il est ? »

Et, lorsque de nouveau les deux amis se retrouvèrent dans un fiacre, il ne put s’empêcher de tenter un dernier effort.

— Ne croyez-vous pas, bégaya-t-il, que peut-être, tout bien considéré, nous ferions mieux d’ajourner cette affaire ?

— Ajourner à demain ce qui peut être fait aujourd’hui ! s’écria Michel, indigné. Allons, allons, Pitman, égayez-vous un peu ! Encore une heure