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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

— Et vous y avez cru ? demanda-t-elle.

— Oh ! Madame, dit Sir John, quelle question !

— Merci pour cette réponse, dit Séraphine. Et maintenant je vous affirme, sur mon honneur, sur mon âme, en dépit de tous les scandales du monde, que je suis aussi honnête femme qu’âme qui vive.

— Nous ne nous entendrions peut-être pas sur la définition du mot, fit observer Sir John.

— Oh ! s’écria-t-elle, je me suis conduite abominablement envers lui, je le sais, aussi n’est-ce pas cela que je veux dire ! Mais, vous qui admirez mon mari, je veux absolument que vous me compreniez, moi : je puis le regarder sans rougir.

— Cela se peut, Madame ; dit Sir John, et-je n’ai, du reste, pas la présomption de penser le contraire.

— Vous ne voulez pas me croire ! s’écria-t-elle. Vous me croyez une épouse coupable ?… Vous pensez que cet homme était mon amant !

— Madame, répondit le baronnet, quand je déchirai mes papiers, je promis à votre excellent époux de ne plus m’occuper de vos affaires, et je vous assure, pour la dernière fois, que je n’ai aucun désir de vous juger.

— Mais, en attendant, vous ne voulez pas m’acquitter. Ah ! s’écria-t-elle, il m’acquittera, lui… il me connaît mieux !

Sir John sourit.

— Ma détresse vous fait sourire ? demanda Séraphine.

— Non, Madame, mais votre aplomb féminin, dit Sir John. Un homme n’aurait probablement pas eu le courage d’une telle exclamation… excla-