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Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/143

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lement son utilité. Et que penserais-je de votre amour si, dès la première entrevue, vous me refusiez de semblables bagatelles ? »

Silas se confondit en explications et en excuses, au milieu desquelles, regardant l’horloge et joignant les mains, la dame poussa un cri étouffé.

« Ciel ! murmura-t-elle, est-il si tard ? Je n’ai pas un instant à perdre. Hélas ! pauvres femmes, quelles esclaves nous sommes ! Que de risques n’ai-je pas déjà courus pour vous ! »

Après lui avoir répété ses instructions qu’elle entremêlait savamment de caresses et de regards langoureux, elle lui dit adieu et disparut dans la foule.

Toute la journée du lendemain, Silas fut gonflé du sentiment de son importance ; maintenant il en était sûr, c’était une comtesse ! Quand le soir arriva, il obéit minutieusement à ses ordres et fut, à l’heure fixée, au coin du jardin du Luxembourg. Il n’y avait personne. Il attendit près d’une demi-heure, dévisageant chaque passant et chaque flâneur ; il visita même les coins environnants du boulevard et fit tout le tour de la grille du jardin, mais aucune belle comtesse n’était là, prête à se jeter dans ses bras. Enfin, et bien à contre-cœur, il revint sur ses pas et se dirigea vers l’hôtel. Chemin faisant, il se souvint