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en apparence de ses devoirs d’hospitalité, mais, cependant, il jetait tout autour de lui des regards scrutateurs. Personne n’échappait à son œil perçant ; il observait la tenue de ceux qui perdaient de grosses sommes, il évaluait le montant des mises, il écoutait les conversations ; en un mot il semblait guetter le moindre indice de caractère et en prendre note. Brackenbury sentit renaître ses soupçons. Était-il vraiment dans une maison de jeu ? Que signifiait cette enquête ? Il épia Mr. Morris dans tous ses mouvements, et, quoique celui-ci eût un sourire toujours prêt, il crut distinguer, sous ce masque, une expression soucieuse et préoccupée. Tous, autour de lui, riaient, causaient et faisaient leurs jeux ; mais les invités n’inspiraient plus aucun intérêt à Brackenbury.

« Ce Morris, se dit-il, n’est pas ici pour s’amuser. Il poursuit quelque dessein profond ; pourvu qu’il me soit donné de le découvrir ! »

De temps en temps, Mr. Morris entraînait à l’écart un des visiteurs ; et, après un bref colloque dans l’antichambre, il revenait seul, l’autre ne reparaissait plus… Ce manège, plusieurs fois répété, excita au plus haut degré la curiosité de Brackenbury. Il résolut d’aller immédiatement au fond de ce petit mystère, et, sortant d’un air