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blir l’heureux mortel auquel il s’adressait ; Brackenbury enthousiasmé s’avoua dans son cœur que celui-là était un souverain pour lequel on eût donné sa vie avec ivresse.

Quelques minutes s’étaient écoulées, quand l’individu qui avait introduit le trio, et qui depuis lors était resté assis dans un coin, sa montre à la main, se leva et murmura un mot à l’oreille du prince.

« C’est bien, docteur Noël, répondit celui-ci à haute voix. » — Puis, s’adressant aux autres : « Vous m’excuserez, Messieurs, s’il me faut vous laisser dans l’obscurité. Le moment approche. »

Le docteur Noël éteignit la lampe. Un jour faible et blafard, précurseur de l’aurore, effleura les vitres, mais ne suffit pas pour éclairer la chambre ; quand le prince se leva, il était impossible de distinguer ses traits, ni de deviner la nature de l’émotion qui évidemment l’étreignait. Il se dirigea vers la porte et se plaça tout contre, dans une attitude défensive.

« Vous aurez la bonté, dit-il, de garder un silence absolu et de vous dissimuler dans l’ombre le plus possible. »

Les trois officiers et le médecin se hâtèrent d’obéir, et, pendant dix minutes à peu près, le