Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/237

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— Vous vous agitez sans raison, répondit Prudence. Laissez votre général cogner à son aise, il n’arrivera qu’à se donner des ampoules aux mains. Pensez-vous que je vous garderais ici, si je n’étais sûre de vous sauver ? Oh ! que non ! Je suis une amie fidèle pour ceux qui me plaisent ; et nous avons une porte par derrière, donnant sur une autre ruelle. Mais, ajouta-t-elle en l’arrêtant, car à peine avait-il entendu cette nouvelle agréable, qu’il s’était levé, — je ne vous montrerai où elle est que si vous m’embrassez. Voulez-vous, Harry ?

— Certes, je le veux ! s’écria-t-il, avec une vivacité qui ne lui était guère habituelle. Non pas à cause de votre porte dérobée, mais parce que vous êtes bonne et jolie. »

Et il lui appliqua deux ou trois baisers, qui furent rendus avec usure.

Alors Prudence le mena droit à la porte de derrière et, posant sa main sur la clef :

« Reviendrez-vous me voir ? demanda-t-elle.

— Je viendrai sûrement, dit Harry. Ne vous dois-je pas la vie ?

— Maintenant, ajouta-t-elle, ouvrant la porte, courez aussi vite que vous pourrez, car je vais laisser entrer le général. »

Harry n’avait pas besoin de cet avis ; la peur