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vieux John Vandeleur, l’ex-dictateur du Paraguay.

Les sleeping-cars, sur la ligne, étaient divisés en trois compartiments, un à chaque bout pour les voyageurs, et un au centre, muni de tous les aménagements d’un cabinet de toilette. Une porte roulant sur des coulisses séparait chacun des deux premiers du lavabo ; mais, comme il n’y avait ni verrous, ni serrures, on se trouvait, en somme, sur un terrain commun.

Quand Mr. Rolles eut étudié sa position, il se reconnut sans défense. S’il prenait envie au dictateur de lui rendre visite pendant la nuit, il ne pouvait faire autrement que de le recevoir ; il n’avait aucune possibilité de barricade et restait découvert devant l’attaque comme s’il eût été couché au milieu des champs. Cette situation lui causa une véritable angoisse. Il se souvint avec inquiétude des propos cyniques qu’il avait surpris à table, pendant le dîner, de la profession de foi immorale qu’il lui avait entendu faire au prince scandalisé. Il se rappela aussi avoir lu que certaines personnes étaient douées d’une singulière vivacité de perception pour sentir le voisinage de métaux précieux : à travers les murs et même à une distance considérable, dit-on, elles