Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

assis sur ce banc avaient fait place à l’horreur, au désespoir le plus complet ; sa pensée se porta involontairement vers le vieux Scrymgeour, qui lui apparut comme un père autrement bon et respectable que cet intrigant irascible et dangereux. Néanmoins il garda sa présence d’esprit, et, sans perdre une minute, s’élança sur les pas du vieillard balafré, à qui la colère semblait donner des ailes. Absorbé dans des pensées furieuses, John Vandeleur marchait sans songer à regarder derrière lui. Il s’arrêta très haut dans la rue Lepic, devant une maison à deux étages garnie de persiennes vertes ; de là on devait dominer tout Paris et jouir de l’air pur des hauteurs. Toutes les fenêtres donnant sur la rue étaient hermétiquement closes ; quelques arbres montraient leur tête par-dessus un mur élevé que hérissaient des pointes de fer ; John Vandeleur tira une clef de sa poche, ouvrit une porte et disparut.

Une fois seul, Francis s’arrêta et regarda autour de lui. Le quartier était désert et l’hôtel isolé au milieu du jardin ; il devenait impossible de continuer l’espionnage. Pourtant, un examen plus attentif lui fit remarquer que le pignon d’une grande maison située à quelques pas de là donnait sur le jardin, et que dans ce