Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/308

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damné à souffrir dans une anxiété impuissante.

Enfin l’acte s’acheva, ses voisins se préparèrent à sortir. Il était naturel qu’il en fît autant ; mais alors, force était de passer devant la loge en question. Faisant appel à tout son courage et regardant obstinément le bout de ses souliers, il se leva et s’avança lentement, car un vieux monsieur asthmatique le précédait. Qu’allait-il faire ? Aborderait-il les Vandeleur en passant ? Lancerait-il dans la loge le camélia de sa boutonnière ? Relèverait-il la tête et jetterait-il un regard de tendresse sur la jeune personne qui était sa sœur ou sa fiancée ? Tandis qu’il se débattait, aux prises avec ces alternatives diverses, il eut la vision de sa douce et modeste existence à la banque d’Écosse, et un regret fugitif du passé traversa son âme. Mais il arrivait devant la loge : tout en se demandant encore ce qu’il devait faire, il tourna la tête et leva les yeux. Une exclamation de désappointement lui échappa, la loge était vide ; pendant ses réflexions, la famille Vandeleur était partie.

Une personne polie lui fit remarquer qu’il obstruait le passage ; machinalement il se remit à marcher et se laissa porter par la foule. Il se retrouva dans la rue ; là il s’arrêta, et l’air frais