Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/320

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comédie ? Comment êtes-vous entré dans mon jardin, Monsieur ? Et, par le diable, qui êtes-vous ? que voulez-vous ? »

Abasourdi, Francis se releva sans mot dire.

Tout à coup, comme frappé d’un trait de lumière, John Vandeleur se mit à rire bruyamment.

« Je vois, s’écria-t-il, je comprends, c’est le Scrymgeour ! Très bien, Mr. Scrymgeour, très bien, je vais vous mettre en quelques mots au courant de votre situation. Vous vous êtes introduit chez moi par force, sinon par ruse, à coup sûr sans y être invité, et vous choisissez pour m’accabler de vos protestations de tendresse le moment où un hôte vient de s’évanouir à ma table. Je ne suis pas votre père ; puisque vous tenez à le savoir, vous êtes le fils naturel de mon frère et d’une marchande de poissons. J’avais pour vous une indifférence qui touche de près à l’antipathie, et d’après ce que je vois de votre conduite, votre esprit me paraît digne de votre extérieur. Je livre ces quelques remarques à vos méditations, et je vous prie avant tout de me débarrasser de votre présence. Si je n’étais pas occupé, ajouta-t-il avec un geste menaçant, vous recevriez la plus belle rossée que ce bras ait jamais donnée ! »