Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/345

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pour le mal et il répond à un acte terriblement présomptueux par la plus aimable condescendance.

— Qu’en savez-vous ? Je cherche peut-être à vous corrompre.

— Dieu me garde de la tentation !

— J’applaudis à votre réponse ; elle est d’un homme sage et honnête. Le monde est grand ; il est rempli de choses faites pour nous séduire, et il n’y a pas de limites aux récompenses qui peuvent s’offrir. Quiconque refuserait un million en argent, vendrait peut-être son honneur pour un royaume ou pour l’amour d’une femme. Moi qui vous parle, j’ai connu des provocations, des tentations tellement au-dessus des forces humaines, que j’ai été heureux de pouvoir comme vous me confier à la garde de Dieu. C’est grâce à ce secours journellement imploré que nous pouvons, vous et moi, marcher aujourd’hui côte à côte avec une conscience qui ne nous reproche rien.

— J’avais toujours entendu dire que Votre Altesse était la bravoure même, fit l’agent, mais j’ignorais que le prince Florizel fût religieux en outre. Ce qu’il dit là est bien vrai. Oui, le monde est un champ de bataille et on y rencontre de rudes épreuves.