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femmes ; plusieurs d’entre eux avaient essayé de lier conversation avec les nouveaux venus, mais aucun ne paraissait offrir la moindre particularité intéressante. Il n’y avait là rien que la lie de la société sous son aspect le plus vulgaire. Le prince commençait déjà à bâiller et à se dégoûter de son excursion, lorsque les portes battantes du bar furent poussées avec violence : un jeune homme entra, suivi de deux commissionnaires ; chacun de ceux-ci portait un grand plat fermé par un couvercle qu’ils enlevèrent, découvrant des tartes à la crème. Alors le jeune homme fit le tour de la salle en pressant les personnes présentes d’accepter ces friandises. Il y mettait une courtoisie exagérée. Parfois, ses offres étaient agréées en riant ; d’autres fois, elles étaient repoussées avec dédain ou même avec insolence. Alors cet original mangeait lui-même la tarte, non sans se livrer à des commentaires humoristiques.

Finalement, il alla saluer jusqu’à terre le prince Florizel.

« Monsieur, dit-il, en tenant une tarte entre le pouce et l’index, ferez-vous cet honneur à un étranger ?… Je peux répondre de la qualité de la pâte, ayant mangé à moi tout seul vingt-sept de ces tartes depuis cinq heures.