Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/88

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pressant, que tout s’accomplisse donc cette nuit, et d’un seul coup ; si vous le voulez, mourons tous trois ensemble. Notre trio pénétrera bras dessus, bras dessous, la poche vide, dans l’empire de Pluton ; nous nous encouragerons mutuellement parmi les ombres ! »

Geraldine jouait son rôle avec des intonations si justes que le prince lui-même le regarda, troublé, prêt à le croire sincère. Quant au jeune homme, un flot de sang lui monta au visage et ses yeux étincelèrent.

« Bon, vous êtes des camarades comme il m’en faut ! s’écria-t-il avec une gaieté presque effrayante. Tope là et que le marché soit conclu. (Sa main était glacée.) Vous ne savez pas en quelle compagnie vous allez commencer votre course, vous ne savez pas dans quel moment propice vous avez pris votre part de mes tartes à la crème ! Je ne suis qu’une unité, mais une unité dans une armée. Je connais la porte dérobée de la Mort. Je suis un de ses intimes et peux vous conduire jusque dans l’éternité sans cérémonie,… sans scandale pourtant. »

Ils l’engagèrent derechef à expliquer ce qu’il voulait dire.

« Messieurs, pouvez-vous réunir quatre-vingts livres entre vous ? »