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sont les ordres que je réitère. Et maintenant, je vous serai obligé d’aller demander l’addition. »

Le colonel s’inclina avec respect, mais il avait la face blême lorsqu’il pria le jeune homme aux tartes à la crème de rentrer. Le prince conservait pour sa part une contenance parfaitement calme ; il raconta une farce du Palais-Royal au jeune suicidé avec beaucoup d’entrain. Sans ostentation, il évita les regards suppliants de Geraldine, et choisit un nouveau cigare avec plus de soin que d’habitude. De fait, il était le seul des trois qui gardât quelque puissance sur ses nerfs.

La note étant acquittée, le prince donna toute la monnaie au domestique très étonné ; puis on partit en voiture. Peu de temps après, le fiacre s’arrêta à l’entrée d’une cour un peu sombre. Là ils descendirent.

Après que Geraldine eut payé la course, le jeune homme s’adressa au prince en ces termes :

« Il est encore temps, Mr. Godall, d’échapper à une destinée inévitable, vous et le major Hammersmith. Consultez-vous bien avant de faire un pas de plus, et, si vos cœurs disent non, voici les chemins de traverse.

— Conduisez-nous, Monsieur, dit le prince,