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...... Tel, à de certaines époques, l’art de la construction s’élance parfois dans un style particulier, à portées plus grandes, que lui permettent de réaliser des matériaux nouveaux, ainsi qu’un travail plus fini, sans que se trouvent modifiés, pour cela, des principes de statique qui régissent l’architecture de tous les temps. Il en est de même de l’art de la guerre, même après les dernières campagnes.
Les formes évoluent, les principes directeurs subsistent.”

L’artiste doit d’abord créer de beaux matériaux, construire ensuite suivant la Loi, enfin parer l’œuvre de toutes les richesses de son amour.

L’individualisme exaspéré conduit au pillage. Le besoin de se glorifier vite eux-mêmes, empêche certains artistes de tirer spontanément des lois fondamentales la forme de leur art et les incite par conséquent à chercher dans l’œuvre des autres — ce qui est plus facile et plus expéditif — le genre utile.
Ils s’attribuent ainsi une ou successivement plusieurs de ces manières qu’on a pris la vaine habitude d’affliger d’un nom. Et c’est cette continuité dans le pillage que les individualistes osent appeler „la Tradition”.
Certain critique anglais notoire reprochait aux Egyptiens d’avoir fait de l’art „en série”. Opinion d’individualiste incorrigible. Qu’importe le tempérament, l’émotion, la petite aventure et autres causes personnelles, fugitives et accidentelles de l’état d’âme ou de la vie de l’ouvrier. On ne lui demande rien d’autre que de matérialiser définitivement suivant la règle et de toutes les forces de son amour, ce qui existe en dehors de lui, le dépasse et lui survivra : l’esprit d’une race ou d’une civilisation.

L’artiste qui se sépare de l’Universel, s’écarte ainsi de la Vérité.

Les œuvres des purs constructeurs sont pour les peintres-cuisiniers autant de „j’accuse” qu’ils fuient avec colère et crainte.

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