Page:Strabon - Géographie, trad., Tardieu, tome I, livres I à VI, 1867.djvu/135

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n’est pas rare de trouver des ceps de vigne tellement gros, que deux hommes auraient peine à en embrasser le pied, et que leurs grappes ont jusqu’à deux coudées de long. L’Arie, qui passe pour posséder également tous ces mêmes avantages, semble, en outre, supérieure aux provinces voisines par la qualité de ses vignobles, car les vins s’y conservent jusqu’à la troisième génération, et cela dans des vases qu’on n’a pas enduits de poix. Enfin l’on nous dit que dans la Bactriane, laquelle confine à l’Arie, tout vient, tout absolument, excepté l’olivier.

15. Qu’il y ait maintenant dans toutes ces contrées des parties froides, j’entends les parties élevées et montagneuses, il n’y a rien là qui doive nous étonner, car dans les climats méridionaux les montagnes, et en général toutes les terres élevées sont froides, celles-là même qui sont unies comme des plaines. Dans la Cappadoce, par exemple, dont la partie voisine de l’Euxin est plus septentrionale de beaucoup que la partie qui borde le Taurus, l’immense plaine de Bagadania, située entre le mont Argée et le Taurus, produit à peine çà et là quelques arbres fruitiers, bien qu’elle soit de 3000 stades plus méridionale que la mer de Pont, tandis que les faubourgs de Sinope, d’Amisus et de Phanarée ne sont proprement que vergers et plantations d’oliviers. Ajoutons que l’Oxus, qui forme la limite entre la Bactriane et la Sogdiane, passe pour être d’une navigation si facile, que les marchandises de l’Inde, transportées par cette voie, descendent sans peine jusqu’en Hyrcanie, d’où elles se répandent ensuite, au moyen des fleuves, dans toutes les contrées environnantes jusqu’au Pont.

16. Trouverait-on, je le demande, une aussi riche nature sur les rives du Borysthène et dans la partie de la Celtique qui borde l’Océan ? Mais la vigne n’y vient seulement pas ou du moins elle n’y donne pas de fruit, et, là où elle en donne, à savoir plus au midi, sur les bords de notre mer intérieure et du Bosphore, les raisins sont petits, et il faut, l’hiver, enterrer les ceps. Il y a plus, la glace dans ces pays s’amasse en telle quantité, notamment à l’entrée du lac Mæotis, qu’on