Page:Strabon - Géographie, trad., Tardieu, tome I, livres I à VI, 1867.djvu/84

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a voulu désigner sous le nom d'Érembes et ce qu'il dit du voyage de Ménélas en leur pays doit s'entendre sans doute comme ce qu'il dit du voyage d'Éthiopie, car les Érembes, ainsi que les Éthiopiens, étaient proches voisins de la Thébaïde. Ajoutons qu'en rappelant ce voyage et celui d'Éthiopie le héros ne pouvait avoir en vue les avantages commerciaux ou les riches présents qu'il en avait retirés (ces profits ayant été apparemment peu de chose), mais uniquement la longueur et le prestige même du voyage, car c'était alors une gloire réelle d'avoir pénétré aussi loin, témoin ce vers :

« Il a de beaucoup d'hommes visité les cités et observé les mœurs[1]; »

et ceux-ci encore :

« Mais j'ai dû beaucoup souffrir et longtemps errer sur mes vaisseaux pour rapporter tous ces trésors[2]. »

Hésiode, il est vrai, dans son Catalogue, mentionne une certaine

« Fille d'Arabus, fils lui-même du bienfaisant Hermès et de Thronia, fille du roi Belus[3]. »

Stésichore la nomme également, mais s'il est permis d'inférer de ce double témoignage que, du temps de ces poètes. la contrée en question avait déjà reçu en mémoire d'Arabus le nom d'Arabie, il peut bien se faire aussi que du temps des héros il n'en fût pas encore de même.

35. Quant à ceux qui ont imaginé de faire des Érembes soit une tribu particulière de la nation éthiopienne, soit une tribu de Céphènes, voire en troisième lieu une tribu de Pygmées, sans parler de mille autres fictions du même genre, s'ils nous paraissent mériter moins de confiance, c'est qu'indépendamment du peu de vraisemblance qu'offre la chose en soi ils font là une sorte de confusion de l'histoire et de

  1. Hom., Odyssée, I, 3.
  2. Id , Ibid., IV, 81.
  3. Cf. Hesiodi fragmenta (éd. Lehrs, Paris, 1840), n° 32.