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ters, opposés aux géants, Reusen, de nos vieux cortèges emblématiques.

Entre la harpe symbolisant l’élément religieux, et la trompette caractérisant l’élément civil, se placent, comme une sorte de trait d’union mystérieux, la douce flûte et le tendre hautbois, instruments de la vie paisible, interprètes de la retraite silencieuse, comme aussi de la candeur, de la naïveté et de l’innocence.

La flûte, surtout, grâce à ses sons veloutés et ondoyants, vous porte à une molle langueur. Un auteur anglais, cité par Suard, dit avoir vu un enfant crier et pleurer au son d’une trompette, et s’endormir, un instant après, au son d’une flûte[1].

L’agreste hautbois caractérise les temps primitifs, où, selon les poètes, l’humanité était plongée dans les délices d’une félicité sans bornes. « Le hautbois, champêtre et gai, dit Grétry, sert aussi à indiquer un rayon d’espoir au milieu des tourments[2]. »

  1. Il ne faut pas confondre cette flûte, au timbre doux et tendre, avec la flûte des anciens, qui ressemblait à une trompette et en avait le son éclatant : acris, comme dit Horace. Elle vibrait dans les combats et dans les apothéoses des héros. De là peut-être l’usage du fifre dont il vient d’être parlé.
  2. Voir ma Mélodie populaire dans Guillaume-Tell, où