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manteau grec, il couchait sur la dure, et il ne consentit qu’avec peine, sur les instances de sa mère, que l’on mît sur son lit quelques fourrures. Il étudia aussi sous Commode, dont il devait devenir l’allié. Il eut encore pour maître Apollonius de Chalcédoine, philosophe stoïcien.

III.

Son ardeur pour l’étude de la philosophie fut telle, que, même après avoir été appelé à la dignité impériale, il continua de se rendre chez Apollonius, pour assister à ses leçons. Il fut aussi l’élève de Sextus de Chéronée, petit-fils de Plutarque, de Junius Rusticus, de Claude Maxime et de Cinna Catulle, tous stoïciens. Pour le péripatétisme, il prit des leçons de Claude Sévère, et surtout de Junius Rusticus, dont il vénéra la personne et suivit la doctrine. Ce Rusticus était un homme aussi éminent à la guerre que pendant la paix, et qui avait approfondi la philosophie stoïcienne. Antonin ne faisait rien sans le consulter, l’embrassait toujours avant les préfets du prétoire, le désigna deux fois consul, et, après sa mort, demanda pour lui des statues au sénat. Ce prince portait un tel respect à ses maîtres, qu’il avait leurs portraits en or dans son oratoire, et qu’il allait lui-même sacrifier sur leurs tombeaux, toujours ornés de fleurs. Il apprit aussi le droit, sous L. Volusius Métianus. Il se livra avec tant de zèle et d’ardeur à l’étude, que sa constitution en souffrit, et ce fut la seule chose dont on le reprit dans sa jeunesse. Il fréquenta les écoles publiques des déclamateurs. Parmi ses compagnons d’étude, il aima de préférence, dans l’ordre des sénateurs, Séjus Fuscien et Aufidius Victorin ; et dans l’ordre des chevaliers, Bébius Longus et Calénus, qu’il combla de bienfaits. Ceux d’entre eux que leur naissance ne lui permit pas de mettre à la tête des affaires, il eut soin de les enrichir.

IV.

Il fut élevé dans l’intimité d’Adrien, qui, comme nous l’avons dit plus haut, l’appelait Vérissimus. Ce prince lui accorda même, à six ans, le privilège de se servir des chevaux de l’État, et, à huit, l’honneur de faire partie du collège des Saliens. Antonin eut, dès cette époque, un présage de son avènement à l’empire le jour où tous les prêtres de ce collège jetèrent, selon l’usage, des couronnes sur le lit sacré de Mars, ces couronnes allèrent tomber qui d’un côté, qui de l’autre ; et la sienne, comme si une main l’eût dirigée, se posa sur la tête du dieu. Il fut, durant ce sacerdoce, l’ordonnateur des cérémonies Saliennes, le chef de la musique et le maître des initiations. Il consacra plusieurs prêtres et en destitua d’autres, sans le secours de personne ; car il avait appris tous les hymnes d’usage. Il prit la toge virile à l’âge de quinze ans, et aussitôt la fille de L. Céjonius Commode lui fut fiancée, d’après la volonté d’Adrien. Peu de temps après, il fut créé préfet de Rome, pendant les féries latines. Il fit éclater dans ces fonctions, qu’il remplissait pour les magistrats ordinaires, et dans les festins dont l’empereur Adrien l’avait chargé, une grande magnificence. Il céda ensuite à sa sœur tout le patrimoine qui lui venait de son père. Lorsque sa mère l’appela au partage, il répondit que les biens de son aïeul lui suffisaient ; et il ajouta qu’il la laissait entièrement libre de donner à sa sœur ce qu’elle possédait, voulant qu’elle ne fût pas moins riche que son époux. Il avait des mœurs si simples,