Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/417

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et mérita ainsi le nom de Parthique. Ce fut aussi à l’occasion de ces succès que les soldats lui associèrent, comme empereur, son fils Bassien Antonin, déjà nommé César, et qui n’avait que treize ans. Ils donnèrent ce même titre de César à Géta, son plus jeune fils, qu’ils appelèrent aussi Antonin, selon le témoignage de plusieurs écrivains. Sévère paya tous ces titres par un magnifique donatif aux soldats, et par l’abandon, vivement réclamé, de tout le butin fait dans la capitale des Parthes. De là, il revint en vainqueur dans la Syrie. Les sénateurs lui décernèrent le triomphe ; il le refusa, la goutte l’empêchant de se tenir assis dans un char. Mais il permit à son fils de triompher des Juifs; honneur que le sénat avait aussi décerné à ce jeune prince, à cause des succès de son père en Syrie. Sévère, en passant à Antioche, fit prendre à son fils aîné la toge virile, et le désigna son collègue dans le consulat, dont ils prirent aussitôt possession en Syrie. Il augmenta ensuite la paye des soldats, et se rendit à Alexandrie,

XVII.

Chemin faisant, il donna aux habitants de la Palestine un grand nombre de lois ; il défendit, sous des peines sévères, de se faire juif; il fit la même défense à l’égard des chrétiens. Le droit d’avoir un sénat fut accordé aux habitants d’Alexandrie, qui, sans conseil public, vivaient comme sous des rois, et se contentaient d’un seul juge nommé par les empereurs. Il fit aussi beaucoup de changements à leurs lois. Sévère témoigna toujours, dans la suite, que les cérémonies du cuite de Sérapis, et la nouveauté des lieux et des animaux, lui avaient rendu ce voyage très agréable. Il visita en effet, avec beaucoup d’attention, et Memphis, et la statue de Memnon, et les pyramides, et le labyrinthe, Pour éviter lu longueur des détails, disons que ce qu’il fit de plus remarquable, après avoir vaincu et tué Julien, ce fut de licencier les cohortes prétoriennes; de mettre Pertinax au rang des dieux, malgré les soldats, et d’ordonner l’abolition des décrets de Julien ; ce qu’il n’obtint pourtant pas. Il dut le surnom de Pertinax moins, à ce qu’il semble, à son propre choix qu’à son inflexible sévérité : le nombre infini de ceux qu’il fit périr doit même le faire appeler cruel. Un ennemi, étant venu se jeter à ses pieds sur le champ de bataille, lui dit d’une voix suppliante : « Qu’ordonnez-vous de moi?» Sévère, sans se laisser désarmer par cette humble demande, ordonna de le tuer. Il mit beaucoup d’acharnement à détruire les factions, et il sortit vainqueur de presque tous les combats.

XVIII.

Il soumit le roi des Perses Abgare. Il réduisit les Arabes et rendit les Adiabènes tributaires. Il fortifia la Bretagne (et c’est la plus grande gloire de son règne) d’un mur qui, traversant cette Île, s’étendait d’une mer à l’autre. Cette construction lui fit même donner le nom de Britannique. Il rendit la sécurité à Tripoli, d’où il était originaire, par l’entière défaite de quelques nations belliqueuses, et il assura pour toujours au peuple romain, de l’huile gratuite et d’abondantes provisions de blé. Inexorable pour les fautes, il savait choisir avec une sagacité singulière les hommes les plus propres à ce qu’il voulait. Il avait assez de connaissances en philosophie et de talent pour la parole, mais trop de goût pour l’érudition. Il fut l’ennemi implacable