Page:Suarès - Debussy, 1922.djvu/105

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écoutent la symphonie comme on suit les mouvements des acrobates, dans un cirque, avec l’extrême intérêt d’une curiosité enfin satisfaite si, au terme, tous les tours de force concordent, si rien n’a rompu le rythme et si la figure est accomplie, sans que personne se soit cassé le cou. Plus ces bonnes gens écoutent, moins ils entendent. Bref, les notes remplacent les sons.

À cet égard, Debussy a fait une révolution ingénue. Lui-même avait le sentiment de quitter une géométrie musicale pour revenir à la nature. Il est clair que le contrepoint et la polyphonie d’orchestre tendent à une espèce de géométrie descriptive ou de position, où non pas l’étendue se projette, mais où la durée se représente. Le sens musical, quoi qu’on dise, est le plus inégalement réparti du monde. L’immense