Page:Suarès - Debussy, 1922.djvu/107

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Tout est génie dans l’orchestre de Pelléas, tout y est musique et fait pour l’oreille. Quand on a goûté de ce philtre, toute l’ancienne musique, hormis Wagner, semble un peu fade, lourde et terne. Ainsi, le Prélude à l’Après-midi d’un Faune est une révélation. L’Orphée même de Monteverde n’a pas eu tant de nouveauté. Un voile est tiré : un mur séculaire nous séparait de la nature : voici, dans sa chaleur riante de bel été, s’animer en chantant un nouveau monde sonore.

Debussy a rendu sa qualité originale à chaque instrument, il les a délivrés de l’énorme, de l’admirable contrainte où Wagner les avait tous asservis pour n’en plus faire qu’une lyre immense : tous les timbres, dans Wagner, sont comme Kundry à genoux devant son maître, absorbée dans