Page:Suarès - Debussy, 1922.djvu/83

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UNE atmosphère inoubliable enveloppe Pelléas. Cette musique est un climat du sentiment. En général, la musique corrompt le poème ; elle n’y ajoute que la fadaise. Elle abaisse les grandes œuvres de l’esprit, en les rendant précaires et temporelles : à la grandeur, elle substitue l’emphase sentimentale. Shakspeare, Dante et Gœthe ont pu s’en plaindre. Dans Pelléas, Debussy donne au poème la vie réelle qu’il n’a pas : il fait des hommes et des femmes avec des marionnettes, et de la fatalité avec de simples ficelles. Les drames de Mæterlinck appellent la musique, ou un poète : toutes les scènes, d’une si vive invention quelquefois, sont les titres de chapitres qu’il faut écrire.

La merveilleuse unité de Pelléas est un effet de l’équilibre peut-être unique de