Page:Suarès - Images de la grandeur.djvu/122

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épaules, faisait une ombre ï terre, comme un arbre I demi couché sur une roche par la foudre. Le cor retentit; et, comme le soleil s'enfonça der- rière les grands chênes, le bon Héros dispamt.

Marsjras pensait profondément ; et, pour la première fois, alors qu'il eût dû haïr, il était sans haine. Si profonde était sa pensée qu'elle ne haïssait plus : car il voulait comprendre ; — et ne comprenait pas.

Alors il tressaillit, et devint pile. Le ciel était plus rouge, et la terre plus noire. Marsjras sentit une auguste présence : mais il était fort, et savait tenir tête i la peur. Il se redressa, voulant voir quel danger terrible faisait planer sur lui sa silencieuse haleine. Il tourna les jeux, et reconnut la Lumière, une impériale magnificence. Il vit son mortel ennemi, Apollon.

IV. Dans le fond de son coeur il siffla toutes les forces de l'orgueil, comme on rappelle les chiens dispenés de la meute. Il regarda le Diea fixement, et lui parla avec hauteur.

— Archer, dit il, c'est toi, qui non content de tes rajroos et de dessécher Lerne, as décoché sur mon Royaume l'absurde Hercule, épou- vantable flèche.

— C'est moi, Roi de Lerne. L'hjdre n'est plus.

— Tu me hais, Apollon.

— Non, Roi. Je ne te hais pas.

— Pourquoi m'as tu ravagé mon domaine, fait détruire ma ville, et y semer la mort par ton héros ? Car jamais il n'j eût pensé sans toi. Le peuple des vers et des crapauds, le bon peuple de Lerne, vivait seloa tes lois. Qui que voulait point des lois de Lerne, n'avait qu'à a'j point vivre. Et Hercule, qui est juste, pour saccager ma ville, n'eût pas pris prétexte de ses lois.

— Je lui en donnai l'hjdre, qui fait la force de tes lois, et qui déjà en avait étendu l'empire, tu le sais, an delà de ces grands chênes.

— Hercule est juste : tu ne l'es pas.

— Tu ne m'irrites point.

— Et nous aussi, nous étions justes à notre manière.

— Je n'ai pas besoin d'être juste.

— Tu es la toute puissance du caprice, et tu oe ctou à rien. Pourquoi sourire ?

— Je ne crois qu'aux dieux. Voodrab ta pas que je cnute ei toi?

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