Page:Suarès - Les bourdons sont en fleur.djvu/32

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d. CLAIRE, tristement . Ni vos peines ni vos joies ne sont comme les nôtres .

CL, FRANÇOIS, étonné. En vérité ? Pour moi, chère sœur , j'ai dit à mon âme : " Si tu es triste , pleu- re ; et ris , si tu es gaie ; chante toujours ! Jésus est là : il a pleuré et il a ri , souvent . Rires et pleurs sont de lui ; en' nos cœurs tout est né de sa grâce . 11 faut donc l'aimer en tout , pour [qu'en nous il n'y ait point de mal . " A demi-voix. Ma sœur , adieu . CL CLAIRE. Voilà donc commencé ce long voyage ? et, FRANÇOIS, avec une gaieté tendre . Qui n'est pas en voyage? Nos pieds trouvent le chemin long, et notre cœur trop court . Car il nous faut joindre Celui qui nous attend avec tant de patience : on ne le rencontre pas dès la première étape . Heu- reuses vies que les vôtres, mes sœurs . Les vierges sont plus près de la possession que toutes créatures . Que votre candeur est ravissante ! Oh ! vous êtes la fleur sacrée , parce qu'elle aime , la fleur plus forte que l'her- be et que toute la moisson . Soyez donc toutes bien jo- yeuses . Vous êtes sur le seuil . Que vos voix s'élèvent avec gaieté , pour bénir le Seigneur qui vous a faites comme vous êtes . Adieu . CL CLAIRE, émue. Avant de me quitter , mon

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