Page:Suarès - Les bourdons sont en fleur.djvu/36

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le crépuscule ; les feux de l’horizon occidental s’éteignent. Une demi-clarté miroite au ciel avec mélancolie.

FRANÇOIS. L’heure du soir nous est bien chère, comme l’adieu d’une douce voix. Ne sentez-vous pas le regret du jour qui fuit ? Notre âme en est émue et peut-être le pleure.

FRA SILVESTRE, grave et froid. Quelle s’en réjouisse au contraire, et vienne plus tôt le jour du Seigneur.

FRANÇOIS, ému. Sur les hauteurs rêveuses brûlent les épis du mourant été. Le ciel du crépuscule se fait pâle sur les bois comme l’œuf du rouge-gorge. Un instant, un instant encore, tout s’éteindra : un jour de plus aura été. Ah ! que de cendres ! L’heure où tombe le silence est celle aussi où chante la mélancolie.

FRA SILVESTRE. Mon frère, c’est un piège du démon.

François semble n’avoir pas entendu et se tait. Court silence.

FRA JUNIPÈRE, bruyamment. Frère François, pour tous vous êtes un bon frère

FRANÇOIS. Il vous plaît à dire : en vous seuls est la bonté. Dieu me l’y fait voir, et par moi vous la