Page:Suarès - Les bourdons sont en fleur.djvu/46

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Qui se cherche des frères
Pour baiser sur leurs yeux
Les larmes de misère :
je te rends grâce, ô Dieu,
Qui m’as fait petit pauvre .

je suis le Petit Pauvre ,
Le mendiant de Dieu ;
je vais quêtant l’aumône ,
Le liard d’amour qui donne
L’entrée promise aux cieux
Par Dieu au petit pauvre .

C FRA JVNIPÈRE, avec un rire bruyant. je suis réjoui de vous entendre, frère François.

Il répète d’une grosse voix, en sautant comme un ours :

je suis le Petit Pauvre .
je vais quêtant l’aumône ,
je suis le liard d’amour...

Et comment dites-vous encore ? Ah ! c’est beau ! vous savez le langage de poésie . Ce n’est pas comme moi , grosse bête . Mais, mais qu’importe ? (Il cesse de tourner avec sa besace , il éclate de rire .) On en sait toujours assez , n’est-ce pas ?

FRANÇOIS, distrait, contemplant la contrée. Le crépuscule s’assombrit, comme un dernier souvenir.