Page:Suarès - Les bourdons sont en fleur.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mange pas toujours autant que je voudrais . C FRANÇOIS. Bon : rendez grâce au Seigneur de vous mettre à l'épreuve par une tentation légère . C FRA j VNIPÈRE, Vous êtes toujours content . (La bouche pleine.) Moi aussi .

FRANÇOIS, ardent et grave. Dieu soit béni au ciel et sur la terre ! Ayons des cœurs à tout aimer . L'a- mour est le souffle de Dieu>8^ {H joint les mains et con- temple la contrée nocturne .) La rosée tombe sur la prcii- rie et la feuillée . je sens la joie de l'herbe , qui aspire au frais sommeil de la soirée , et la tranquilité du fruit , l'olive qui mûrit , même à minuit , avec délice . O Sei- gneur , que votre vie est belle ! (Il pleure silencieuse- ment .) Pour tant de beauté , chétif , est-ce que je vous glorifie ? je vous aime pour la mélancolie qui me vient d'elle . Et moi aussi , mon Sauveur , je suis triste , vous adorant , de n'être pas mieux digne de vos merveilles . je pleure d'être si loin de vous Ah ! Jésus , voici l'heure pourtant de la paix confiante où je me livre tout à vous, et l'instant de mon trouble Pénétrez-vous d'amour , mon cœur, pour n'être plus qu'amour i^ Hélas! souf- frirez-vous toujours , mon cœur , amoureux comme vous êtes , de vous sentir encore vous-même , et de n'être point tout ce que vous aimez , qui est tout ce que vous

�� �