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Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/135

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glanté, — un torrent de sang sur l’océan de ma misère.


Je te vois et je te pense. Et je te vois toujours.

J’ai tels spasmes de pitié, tels étourdissements d’angoisse, où c’est toi qui vacilles, toi qui tombes, toi qui te rétractes.

Victime, qui seras victimée chaque jour, en chaque heure de ma vie. Ha, c’en est trop.


Enfin, je désavoue la vie.

Je la renie, comme elle nous a reniés. La trahison est trop amère. Pourquoi soutenir cette fiction ? Que d’efforts j’y ai faits, que d’ardeur j’y ai mise… Quelle volonté de rêver, sans le savoir ? Quelle volonté d’être dupe, et de ne pas soulever le voile du rêve… J’ai trop aimé cette vie. J’en