Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/21

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J’ai été voir François Talbot, dans le grand deuil qui l’accable. Je savais faire visite à une immense infortune. J’y prenais part moi-même : cet homme semble né pour la douleur ; un malheur presque constant rend cette vocation plus amère. Personne n’a mis l’amour plus haut, personne n’a été plus aimé que lui ; mais la maladie et la mort lui ont torturé et lui ravissent tout ce qu’il aime. Ainsi l’excès de la vie, en lui, est un gage toujours renouvelé à l’excès de la souffrance.

À vingt ans, François Talbot perdit son