Aller au contenu

Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Faut-il donc envier pour toi que ce deuil t’inonde ? Je le demande à ma désolation ; et je ne doute pas. Il le faut, pourtant ; même si tu n’envies plus ce flot de misères, ma désolation veut que je les envie pour toi. La douleur est l’oscillation de la vie commune à l’univers.


Tant de causes, et un effet unique : la douleur. Jour après jour, il faut s’y faire. Ha, que ne sais-je mieux tendre le col au coup de hache ? Le bourreau masqué du temps brandit l’arme au tranchant sidéral, affûté sur la pierre dorée des astres.

Jour après jour. Ils s’écoulent, pareils et dissemblables à l’infini. Le temps, si long et si court, mesure la palpitation éperdue de la vie. Le radeau descend le fleuve ; je suis assis au gouvernail ; je